14 mai 2015
Emmanuel Macron devient officiellement président de la République. C'est le moment de rappeler ses engagements pour l'enseignement des langues anciennes, tels qu'on a pu les entendre ou les lire dans plusieurs médias. Des engagement qui ont pu légèrement fluctuer…
Lors de sa candidature, en septembre 2016, Emmanuel Macron n'a fait aucune mention des langues anciennes. Elles n'apparaissent d'ailleurs pas dans le programme de En Marche ! ni dans la lettre ouverte adressée par le candidat aux enseignants.
Le candidat affiche néanmoins cet engagement à l'approche du premier tour de l'élection présidentielle. Dans "Le Monde" du 2 mars 2017 : "Programme éducation de Macron : autonomie, moyens, remise en cause des rythmes…"
Le candidat donne également des gages aux adversaires de la réforme du collège, défenseurs des humanités classiques, en annonçant la réintroduction des classes bilangues, des parcours européens et d’un « véritable » enseignement du latin et du grec.
Il le confirme sur "France 2" le 19 mars 2017 (à 10'19) :
Verbatim dans "Le Café pédagogique" du 20 mars 2017 : "Macron promet une "réforme en profondeur" de l'Ecole"
S'exprimant sur France 2 le 19 mars, Emmanuel Macron amis en avant son programme éducatif annonçant vouloir " une réforme en profondeur de l'école". "Je n'aurais pas eu cette politique en matière d'éducation",a-t-il dit pour se démarquer de F Hollande. "Il fallait réformer les enseignants. J'ai une politique différente. Je souhaite une école qui transmette davantage, remettre les classes bilangues et l'enseignement des humanités, faire plus en zone d'éducation prioritaire".
Dans "VousNousIls" du 23 mars 2017 : "Emmanuel Macron : « L’intérêt des élèves et la réussite de tous doit être notre seule boussole »"
Dans la logique de confiance, d’autonomie et de liberté, inscrite au cœur du projet d’En Marche, il faudra laisser la possibilité aux équipes pédagogiques qui le souhaitent – celles qui connaissent le mieux les besoins et les aspirations des élèves et de leurs familles – de proposer à nouveau des parcours bi-langues, des parcours européens ainsi que de rétablir pleinement l’enseignement des langues anciennes.
M. Macron n'indique cependant pas comment il compte procéder ni comment il compte résoudre la crise des vocations qui frappe les lettres classiques.
Dans "L'Etudiant" du 30 mars 2017 : "Emmanuel Macron : "Je propose un bac avec 4 matières en contrôle terminal""
Dans cette logique d'autonomie, il faudra laisser la possibilité aux équipes qui le souhaitent – celles qui connaissent le mieux les besoins et les aspirations des élèves et de leurs familles – de proposer à nouveau des parcours bilangues, des parcours européens ainsi que la possibilité de rétablir pleinement l'enseignement des langues anciennes.
Malheureusement, une fois sa qualification au second tour acquise, l'engagement prend un tout autre visage. Dans "Libération" du 29 avril 2017 : "Emmanuel Macron: ce qu'il a (vraiment) en tête pour l'école"
Au collège, la réforme du collège pourrait aussi prendre du plomb dans l’aile. «Elle ne sera pas abrogée en tant que telle. On conserve les textes», indique Fanny Anor. Ainsi, sera conservée la deuxième langue vivante pour tous dès la cinquième (et non comme avant en quatrième). En revanche, les choses pourraient changer sur les 20% dégagés dans l’emploi du temps des élèves pour les enseignements interdisciplinaires (les fameux EPI), ces projets transversaux montés par deux ou trois profs qui font classe autrement. «Ce volume horaire de 20% demeure mais chaque établissement pourra décider de ce qu’il en fait: continuer les EPI, ou remettre en place des parcours bilingues (deux langues vivantes dès la sixième), ou bien des enseignements de langues anciennes», explique Fanny Anor. Qui tranchera? Le conseil d’administration de l’établissement.
En dehors de l'impossibilité d'affecter les horaires des EPI (pris, rappelons-le, sur les enseignements obligatoires) à la restauration des options de langues anciennes, c'est donc bien une volonté de subordonner à chaque collège la possibilité de les restaurer.
On est donc bien loin, semble-t-il, de l'engagement initial : les semaines ou mois à venir confirmeront dans quelle mesure le président de la République tiendra ou non son engagement de "rétablir pleinement l’enseignement des langues anciennes", dans un cadre national.
Loys Bonod